Nous retrouvons Dorothée et Jean pour la 3e partie, où, après avoir évoqué leurs envies et leur organisation, ils nous parlent de la cérémonie laïque ! Vous êtes nombreux à chercher des exemples concrets de cérémonie laïque, en voici un de plus (vers la fin de l’article, vous avez le déroulement de la cérémonie), mais n’oubliez pas qu’une cérémonie réussie ressemble avant tout aux mariés … d’où l’importance de toutes les questions qui suivent !
Pourquoi se marier ?
Il est important pour nous d’être une famille dont tous les membres portent le même nom (ainsi nous n’envisagions pas d’avoir des enfants sans être épouse et époux). Nous avons d’ailleurs choisi de porter tous les deux la juxtaposition de nos noms de famille, pour bien marquer la création d’un nouveau noyau familial et autant pour l’un que pour l’autre l’entrée dans la belle-famille.
Le mariage était aussi pour nous un moyen d’être reconnu par la société en temps que couple.
Enfin, nous cherchons certainement à répéter un schéma, celui de nos parents que nous voyons heureux après plus de 30 ans de vie commune. Parce que je voulais me lier à Jean de manière indissoluble, lui « promettre » ma vie et la lui confier devant notre famille et nos amis, que je voulais m’engager devant les autres, qu’ils me rappellent toujours la promesse donnée.
Pourquoi une cérémonie laïque ?
Pendant notre réflexion sur la forme de notre mariage, nous voyions le mariage civil comme un moment très administratif et très court ; nous souhaitions associer à cet engagement une dimension plus spirituelle et plus intime, dimension qu’on peut retrouver dans une cérémonie religieuse.
Mais le mariage religieux ne correspondait pas à nos convictions, Dorothée ne voulait pas se faire baptiser pour l’occasion et nous ne voulions pas nous marier à l’église pour le « folklore ». De plus, les cérémonies auxquelles nous avons assisté ont souvent donné lieu à un discours très moralisateur et procréateur de la part du prêtre… Bref, cette forme de cérémonie n’aurait pas été honnête envers nous-mêmes et les gens présents.
La cérémonie laïque est devenue une évidence quand nous en avons entendu parler la première fois. Nos témoins avaient préparé et officié à une cérémonie laïque il y a quelques années ; quand ils nous en avaient parlé, nous nous étions dit que c’était ce qui nous correspondait.
Une autre possibilité aurait été de personnaliser notre mariage civil en y incorporant des textes et des prises de paroles ; c’est parfois faisable dans les petites villes ou quand on connaît l’officier d’état civil. Dans notre cas, nous tenions à nous marier au Capitole de Toulouse (la ville où nous vivons), d’autant plus que le cadre y est magnifique ! Mais l’organisation ne laissait pas la place à une personnalisation de l’engagement.
Quelques sources d’inspiration
Des livres: Éloge du mariage, de l’engagement et autres folies de Christiane Singer et Se marier autrement de Florence Servan-Schreiber
Un site : vous êtes dessus 🙂 Le plus dur ayant été pour moi (Jean) de m’en inspirer tout en arrivant à faire notre propre cérémonie.
Choisir nos officiants
Nous avons demandé à Pierre (le grand frère de Jean) et Hélène (sa femme), mariés depuis 5 ans, d’être nos officiants. Nous avions beaucoup discuté avec eux de l’engagement, du mariage, de projet de vie et de couple. Il était alors évident qu’ils seraient nos officiants, récemment mariés ils pouvaient nous guider pour la construction de notre propre cérémonie.
A posteriori, nous pensons qu’il est très important de bien expliquer aux officiants le rôle qu’on attend d’eux. Dans notre cas, ils ont d’abord craint de devoir jouer le rôle du prêtre, d’avoir la charge de nous marier ; de plus, ils ne comprenaient pas pourquoi nous les avions choisi eux, ils ne voulaient pas être des modèles. Au cours des discussions que nous avons eu, ils ont osé émettre les interrogations qui les gênaient et les réponses que nous devions leur apporter nous ont obligés à formuler correctement ce que nous souhaitions : qu’ils soient les chefs d’orchestre d’une partition dont nous ne voulions pas connaître toutes les mesures.
Nos attentes par rapport à cette cérémonie
Nous voulions que les gens soient à l’aise, que la cérémonie ne soit pas le passage obligé avant le vin d’honneur. Beaucoup de nos invités étaient en couple, certains étaient mariés, d’autres y réfléchissaient, certains étaient croyants, d’autres pas… Il ne nous fallait choquer personne, et ne pas sembler moralisateurs ou prétentieux dans nos choix, que les gens comprennent que nos choix n’engagaient que nous, que de la même manière qu’ils les respectaient nous respections les leurs.
Nous souhaitions aussi que les personnes qui le voulaient puissent s’exprimer, quelle que soit la forme, et pour nous laisser la surprise, nos officiants avaient pour charge de coordonner leurs interventions.
Comme nous l’espérions, la cérémonie a pu se dérouler en plein air.
Le fond et la forme ont lentement mûri au fil des mois de préparation de notre mariage. Nous avons d’abord investi dans un « carnet de mariage » qui nous suivait partout et tout le temps. Pas un week-end sans lui ! Tout ce qui nous traversait l’esprit en questions/réponses/idées était systématiquement noté, plus ou moins anarchiquement… Très vite, se sont détachés des incontournables : pourquoi une cérémonie laïque, le thème de notre mariage, l’engagement l’un envers l’autre, le temps de libre expression.
Notre thème « la route » s’est naturellement imposé, car nos longs (et fréquents) trajets en voiture sont très souvent l’occasion de discussions enflammées, de débats, de décisions… et le carnet de mariage a souvent été rempli en voiture ; c’est d’ailleurs lui qui nous a accompagné tout au long de la cérémonie et qui nous accompagne encore aujourd’hui…
La cérémonie laïque dans le détail
Le plan était le suivant :
- musique d’installation pour signaler à nos invités que nous allons démarrer : Njósnavélin de Sigùr Rós
- morceau créé par Olivier (le grand frère de Jean) pour l’arrivée de Dorothée aux bras de ses parents
- mot d’accueil par Pierre, l’officiant
- extrait d’un texte de Martin Gray : l’amour est emportement, lu par Aurélie et Matthieu (le petit frère de Jean) mariés 6 semaines plus tôt
- rappel de notre mariage civil la veille et de ce qu’est la laïcité
- notre mot de remerciement puis, parce que d’autres l’ont fait mieux que nous : Hommages d’Yves Duteil
- interventions de ceux qui le souhaitaient, orchestrées par les officiants
- notre intervention pour dire pourquoi nous nous mariions et pourquoi sous cette forme
- musique pour introduire nos voeux : Ta p’tite flamme d’Amélie-les-crayons (1ère partie)
- échange de nos vœux autour du rempotage d’un kumquat. Comme nous avions déjà échangé nos alliances à la mairie, nous ne voulions pas les enlever, mais malgré tout nous voulions symboliser cet échange. L’arbre, c’est notre petit côté nature, c’est la promesse tacite que nous nous faisions de le planter un jour dans le jardin de notre maison pour le laisser s’épanouir lorsqu’il serait suffisamment fort pour affronter un hiver seul
- fin de Ta p’tite flamme
- geste collectif : nous avions demandé à tous de venir avec de la terre d’un endroit qui leur était cher. C’est à ce moment-là qu’ils l’ont versé autour de l’arbre. Love is all de Roger Glover en fond sonore
- étreintes et remerciements/félicitations sur la fin de la chanson suivie par Here come the sun des Beatles
Referons-nous un jour une cérémonie laïque ?
Il est très probable que nous organisions une cérémonie pour baptiser nos enfants (nous souhaitons qu’ils aient un parrain et une marraine…). L’avantage et l’inconvénient de faire sa cérémonie « soi-même » c’est la liberté dans le ton et les paroles que cela procure, mais surtout oblige la réflexion des protagonistes ! Nous n’avons pas eu d’autres choix que de nous mettre d’accord sur chaque mot prononcé, sur chaque symbole que nous voulions faire apparaître et lorsque l’autre n’était pas d’accord, nous étions bien forcés d’essayer de le convaincre et pour cela d’argumenter et de raisonner notre discours. Il y a beaucoup de « travail » derrière une cérémonie quelle qu’elle soit et quel plaisir de le faire ensemble et de comprendre nos motivations profondes !
Alors, oui, nous y réfléchirons aussi intensément pour nos enfants !
« Le plus beau jour de notre vie » ?
Avant le mariage, nous avions du mal à croire les gens qui nous disaient « ce sera le plus beau jour de votre vie ». Quel sens de l’exagération ! Pour nous, ce serait un beau jour parmi plein d’autres… Mais en fait c’est vrai ! C’est le plus beau jour de notre vie, il y a une telle dose d’amour qui s’est dégagée de cette journée. Avec nos amis et notre famille, nous avons vécu et fait des choses d’une intensité que nous n’aurions jamais osé imaginer.
Merci encore à Dorothée et Jean pour ce partage ! Une jolie rencontre de plus grâce à ce blog (en attendant de se voir en vrai !) … Et heureux mariage !